En un geste bario­lé, joyeux et exu­bé­rant, le cho­ré­graphe Vol­mir Cor­dei­ro envi­sage l’espace du trot­toir comme le lieu de tous les pos­sibles et de tous les désordres, un uni­vers en expan­sion où six inter­prètes dansent à corps perdu.

Une aire de jeu où la consigne serait de ne plus se sen­tir obli­gé de res­sem­bler à soi-même, voi­là com­ment pour­rait se pré­sen­ter Trot­toir, dont les inter­prètes – affu­blés de col­lants trans­pa­rents et colo­rés – semblent se mas­quer, se démas­quer et se trans­for­mer en per­ma­nence. Vol­mir Cor­dei­ro conçoit la méta­mor­phose comme un moyen d’accès à la liber­té et la joie comme une forme d’épanouissement per­son­nel et col­lec­tif, au sein du plus banal et com­mun des espaces par­ta­gés. Le trot­toir, c’est là où tout cir­cule, stagne, se frotte : les gens, les normes, les aspi­ra­tions. En une sorte d’ivresse col­lec­tive joyeuse et conta­gieuse, les inter­prètes se cognent, s’éloignent et se rap­prochent, dans un bal­let chao­tique des­si­nant de nom­breuses tra­jec­toires et autant de pos­sibles fic­tions. Par­mi les dan­seuses et dan­seurs, la chan­teuse Anna San­tan­go s’empare régu­liè­re­ment du micro pour scan­der des paroles qui sont des appels à la néces­si­té d’être ensemble. Au son des puis­santes basses de la musique, Trot­toir fait écla­ter les codes et les cadres pour mieux rendre l’espace public à un corps pro­fon­dé­ment col­lec­tif, où l’autre nous regarde et nous construit. Et réin­vente ain­si nos rap­ports à la liber­té et notre expé­rience communautaire.