« Un spec­tacle jeune public – sous le regard du vieux public ». Tout est dit ou presque dans cette note pré­li­mi­naire. La com­pa­gnie du Zerep, de l’infernal duo Sophie Per­ez et Xavier Bous­si­ron — dont on se demande bien pour­quoi ils ont tant tar­dé à mettre les pieds dans le jeune public — nous joue un tour bien à leurs façons. Car en fait de spec­tacle, les adultes ne ver­ront que le hors-scène… un spec­tacle en soi, certes, mais pas le même que les enfants, seuls auto­ri­sés à péné­trer sous le petit cha­pi­teau posé sur la scène, royaume de Babar­man. Invi­tés en petit comi­té, ils pour­ront faire connais­sance avec la famille et les amis de Babar — Burt-le-petit-nain et sa tata Bou­le­dogue, les lutins Mous­ta­chon, Eddy et And Jean ain­si que Char­laz­na­vo la pou­pée chan­tante — mais aus­si man­ger, boire, chan­ter, dan­ser ou ce que bon leur sem­ble­ra, par­ti­ci­per en somme… Ici, pas de qua­trième mur ! Dans la salle, les adultes auront vu sur les cou­lisses, où ils recon­naî­tront peut-être les iné­nar­rables com­plices du Zerep, Sophie Lenoir et Sté­phane Roger en tête. Là où on cherche géné­ra­le­ment à favo­ri­ser le dia­logue parent-enfant, le Zerep joue tout de go de la dis­tinc­tion — ce qui n’est pas sans ouvrir une autre forme de dia­logue — pour inter­ro­ger comme à chaque fois le rap­port aux spec­ta­teurs et la notion de spec­tacle. « Une zone à jamais inson­dable sépare le cha­pi­teau de la salle, pré­sagent-ils. Le voi­lé et le dévoi­lé, notion fon­da­men­tale — et sal­va­trice ? — de l’éducation, agissent simul­ta­né­ment l’un sur l’autre sans jamais se confondre ». Quant à savoir ce qu’il advien­dra du petit élé­phant sage entre leurs pattes… La com­pa­gnie, qui sait retour­ner à mer­veille les codes du caba­ret et œuvre le plus sou­vent avec une débauche d’accessoires, entend bien secouer le coco­tier de la normalité.