Ensemble sin­gu­lier dans le pay­sage de la recons­truc­tion caen­naise, le quar­tier des Qua­trans à Caen témoigne à plu­sieurs titres de sa fidé­li­té au mou­ve­ment moderne : situé en centre ville, il intègre une cer­taine mixi­té sociale et d’u­sages, il s’af­fran­chit de l’a­li­gne­ment sur la rue, se déploie en barres et tour dis­po­sées selon leurs propres logiques, et crée des espaces publics et de cir­cu­la­tion, par­fois cou­verts, tou­jours recon­nais­sables. Julie Des­prai­ries, cho­ré­graphe qui tra­vaille régu­liè­re­ment dans l’ar­chi­tec­ture, pro­pose de par­ta­ger sa démarche en pre­nant pour point de départ les carac­té­ris­tiques spa­tiales, for­melles et d’u­sages de cet ensemble urbain des­si­né au début des années 1950 par Hen­ry Delacroix.
Echauf­fe­ment du corps, exer­cices et écri­ture de la danse seront inti­me­ment liés à cette archi­tec­ture, cet urba­nisme en par­ti­cu­lier. Décou­vrir les lignes et choix de l’ar­chi­tecte par le corps per­met­tra une appro­pria­tion per­son­nelle, une lec­ture renou­ve­lée de ces espaces familiers.

Cho­ré­graphe, Julie Des­prai­ries crée des pro­jets in situ, pour l’architecture, la ville, le pay­sage. D’une vidéo de dix minutes pour trois dan­seurs au Centre Pom­pi­dou-Metz à un « envi­ron­ne­ment cho­ré­gra­phique » de 2h30 pour 155 inter­prètes dans un bâti­ment de Port­zam­parc ou un par­cours dans l’Opéra de Lyon impli­quant ama­teurs et employés, l’envergure de ses créa­tions est déter­mi­née par le site. Il s’agit pour Julie Des­prai­ries de « révé­ler le mou­ve­ment des lieux ». Elle a coréa­li­sé deux films (Après un rêve, avec Louise Nar­bo­ni et L’Ar­chi­tecte de Saint-Gau­dens, avec Serge Bozon) et enseigne régu­liè­re­ment en école d’architecture.