Dans un décor aux allures d’atelier de menui­se­rie, le cho­ré­graphe Bryan Camp­bell pro­pose un jubi­la­toire cycle de chan­sons ori­gi­nales. Chan­tées, gueu­lées ou dan­sées, elles des­sinent un lien sin­gu­lier aux écosystèmes. 

À l’origine de Deep Cuts, il y a une pro­me­nade en forêt, où Bryan Camp­bell s’est sur­pris à frap­per un arbre avec une branche morte, lon­gue­ment et sans rete­nue, et à en res­sen­tir un mélange intense de joie et de colère. Des sen­sa­tions fami­lières – qui le ren­voient à sa pra­tique du BDSM, expé­rience sado­ma­so­chiste entre adultes consen­tants où l’amour et la vio­lence s’imbriquent – que le cho­ré­graphe amé­ri­cain ins­tal­lé en France a déci­dé de chan­ter et de dan­ser. Sa créa­tion prend la forme d’un cycle de mélo­dies, ima­gi­né comme une pas­to­rale du 21^e siècle, une réac­ti­va­tion de cette forme buco­lique qui connut un regain d’intérêt à la période roman­tique, quand la révo­lu­tion indus­trielle ques­tion­nait l’exploitation des res­sources. Avec sous la main une paire de gants, des outils de jar­di­nage et de bri­co­lage, des scies et des haches, un mar­teau et un rabot, Bryan Camp­bell mani­pule le bois et enchaîne des chan­sons sou­vent drôles, par­fois mélan­co­liques, danse et (se) raconte dans un même élan. Enga­gé dans une per­for­mance phy­sique intense, le cho­ré­graphe arpente un ter­rain à la fois intime, concep­tuel et poli­tique où se pose la ques­tion de notre res­pon­sa­bi­li­té et de notre lien aux écosystèmes.