Avec Faits et gestes, Noé Sou­lier déploie son écri­ture en un kaléi­do­scope de mou­ve­ments vifs, en écho à la musique baroque jouée sur scène par la cla­ve­ci­niste Maude Grat­ton. Un voca­bu­laire frag­men­té dont se sai­sissent quatre inter­prètes pour une per­for­mance à la fois très écrite et ouverte à l’improvisation.

Créée en 2016 et reprise pour le Fes­ti­val d’Automne en 2022, enri­chie de la pré­sence sur scène de la cla­ve­ci­niste Maude Grat­ton, Faits et gestes compte par­mi les pièces de Noé Sou­lier où le cho­ré­graphe tente d’activer la mémoire cor­po­relle des spectateur·ices. Les mou­ve­ments y visent des objets ou évé­ne­ments absents et sug­gèrent davan­tage qu’ils ne montrent. Cette liber­té de lec­ture fait écho à la lati­tude don­née sur scène aux inter­prètes (dont le cho­ré­graphe lui-même) : dans les séquences de groupe, les phrases de mou­ve­ments sont écrites mais leur ordre, leur orien­ta­tion, leur lon­gueur et les rela­tions avec les autres dan­seurs sont impro­vi­sées. La com­po­si­tion émerge des choix faits par chaque dan­seur à par­tir de dif­fé­rentes règles, créant ain­si une cho­ré­gra­phie de l’intérieur. Faits et gestes explore diverses façons d’interpréter le mou­ve­ment, dont les réfé­rences et le sens sont dilués. Dans un sai­sis­sant sur­gis­se­ment d’énergie, les dan­seurs se concentrent sur la manière dont un geste peut sug­gé­rer un autre mou­ve­ment. En ten­sion entre expres­sion et abs­trac­tion for­melle, leurs mou­ve­ments font puis­sam­ment écho aux œuvres de Fro­ber­ger et Bach, qui ont por­té haut la dimen­sion rhé­to­rique et l’art du contre­point de la musique baroque.