Ça com­mence comme une tâche de cou­leur dans l’œil et ça se pro­longe par des ques­tions sur la façon dont nous voyons le monde. Et si on chan­geait notre regard ?

Les phos­phènes, c’est quoi ? Un phé­no­mène optique très ordi­naire, que nous avons tous expé­ri­men­té un jour ou l’autre sans en connaître le nom. C’est même un véri­table jeu d’enfant. La preuve : fixez une source lumi­neuse pen­dant quelques secondes, puis détour­nez le regard, à coup sûr une tâche de cou­leur appa­raî­tra dans votre champ visuel. Elle sera d’abord verte, puis jaune, avant de pas­ser au rose et au bleu et de fina­le­ment dis­pa­raître. Cette per­sis­tance d’une image et sa trans­for­ma­tion a ins­pi­ré au cho­ré­graphe Emma­nuel Egger­mont une Méthode des phos­phènes qui consiste à repro­duire ces sen­sa­tions colo­rées et ces images éphé­mères ouvrant ain­si à une véri­table étude chro­ma­tique et cho­ré­gra­phique autant qu’à un jeu sti­mu­lant l’imagination pour inter­ro­ger in fine notre per­cep­tion du réel et ses cer­ti­tudes sous-jacentes. Sur le pla­teau, deux inter­prètes aux per­son­na­li­tés et aux ori­gines dif­fé­rentes (Kenya et Corée du sud) expriment cette obser­va­tion sur les nuances et la sin­gu­la­ri­té. On suit leurs mou­ve­ments poly­chromes, on croit voir un pay­sage se déployer, hyp­no­ti­sés que nous sommes par les varia­tions d’un spectre lumi­neux. Au fil de cette approche ludique d’un phé­no­mène sen­sible, le jeune spec­ta­teur est ame­né à inter­ro­ger le regard et le juge­ment qu’il porte à l’égard du monde envi­ron­nant, ain­si que sa capa­ci­té à s’ou­vrir à ce qui lui semble au départ étranger pour accep­ter l’autre.