Der­nier volet d’une tri­lo­gie de cho­ré­gra­phies d’autodéfense face à la vio­lence, Repertó­rio N.3 est une per­for­mance sin­gu­lière et puis­sante, où deux cho­ré­graphes renou­vellent les ima­gi­naires autour du corps noir.

Avec leur tri­lo­gie Repertó­rio, Davi Pontes et Wal­lace Fer­rei­ra cherchent à éta­blir de nou­velles façons de com­prendre et repré­sen­ter les expé­riences des mino­ri­tés. Pour cela, les cho­ré­graphes s’appuient sur des études post­co­lo­niales, de genre et de race, et ques­tionnent la vio­lence phy­sique mais aus­si celle qui colo­nise les ima­gi­naires et modes de pen­sée. Leur réflexion a don­né nais­sance à un “réper­toire cho­ré­gra­phique d’autodéfense” qui est une façon de défier les esprits et reprendre le pou­voir sur ce qu’expriment leurs corps et la façon dont on peut les lire. Nus, chaus­sés de lourdes bas­kets blanches, les artistes déploient ce voca­bu­laire ges­tuel au fil d’une per­for­mance de trente minutes, sans musique mais très ryth­mée. Syn­chro­ni­sa­tion des corps en mou­ve­ment et des pieds frap­pant le sol, jeu sou­te­nu des regards, le duo joue sur la répé­ti­tion et le mar­quage ryth­mique du contre­point pour dila­ter la per­cep­tion de l’espace et du temps. Avec Repertó­rio N.3, les cho­ré­graphes et inter­prètes inventent non seule­ment des stra­té­gies de résis­tance mais aus­si une manière puis­sante et durable de res­ter dans le monde en peu­plant les ima­gi­naires de fan­tasmes visionnaires.