La cho­ré­graphe Ruth Childs tra­vaille à sa pre­mière pièce de groupe, une danse tra­gi­co­mique où mou­ve­ments, tra­jec­toires, sono­ri­tés et voix sont trai­tées de façon ludique et musicale.

Après avoir recréé les pre­mières pièces de sa tante Lucin­da Childs (quatre ont été pré­sen­tées au ccn de Caen au prin­temps 2023) et signé deux solos, Ruth Childs tra­vaille à sa pre­mière pièce de groupe, pen­sée pour cinq inter­prètes, dont elle. Fun Times met en scène dif­fé­rentes varia­tions autour de la notion anglo­phone du fun : l’acte naïf de s’amuser ou d’être amu­sant ensemble, celui moins conve­nu de se moquer. La cho­ré­graphe étu­die la façon dont ces expé­riences com­munes peuvent se tra­duire, cho­ré­gra­phi­que­ment et voca­le­ment. Mou­ve­ments et tra­jec­toires s’éloignent de la rigueur géo­mé­trique de ses pré­cé­dentes pièces pour tra­vailler sur des danses qui éclatent, dans un rap­port ludique à l’espace. Quant aux voix, elles sont uti­li­sées pour leur qua­li­tés sonores et musi­cales : pas de mots mais une expres­si­vi­té liée aux rires, pleurs et ono­ma­to­pées, qui guide l’écriture de la cho­ré­graphe. Ins­pi­rée par le tra­vail de la com­po­si­trice amé­ri­caine Mere­dith Monk et épau­lée par le créa­teur sonore Sté­phane Vec­chione, elle étu­die la façon dont la voix peut faire corps avec la cho­ré­gra­phie ou en être dis­so­ciée, se déployer en par­ti­tions indi­vi­duelles ou par­ta­gées. En décor­ti­quant de la sorte la musi­ca­li­té du rire et des pleurs, leur ton et leur rythme, Ruth Childs s’inscrit plei­ne­ment dans une veine tra­gi­co­mique qui sied bien à notre époque, où l’on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer.

Dan­seuse et cho­ré­graphe anglo-amé­ri­caine, Ruth Childs est née en 1984 à Londres. Elle gran­dit aux États-Unis, où elle étu­die la danse et la musique, puis s’installe à Genève en 2003 pour ter­mi­ner sa for­ma­tion de dan­seuse au Bal­let Junior. Elle tra­vaille avec plu­sieurs cho­ré­graphes et met­teurs en scène, dont La Ribot, Mas­si­mo Fur­lan, Mar­co Ber­ret­ti­ni ou Yas­mine Hugon­net. Depuis 2015 elle mène un pro­jet de recréa­tion des pre­mières pièces de sa tante, la cho­ré­graphe Lucin­da Childs. En 2014, elle fonde l’association Scarlett’s pour déve­lop­per son tra­vail per­son­nel, en conci­liant danse, per­for­mance et musique, au fil de pro­ces­sus à la fois col­la­bo­ra­tifs et inti­mistes. Elle crée sa pre­mière pièce scé­nique, The Gold­fish and the Inner Tube (2018), en col­la­bo­ra­tion avec Stéphane Vec­chione, puis deux solos, fan­ta­sia (2019) et Blast ! (2022), ain­si que Deli­cate People (2021) avec Cécile Bouf­fard. Ruth Childs est artiste en rési­dence à l’Arsenic – centre d’art scé­nique contem­po­rain de Lau­sanne – et artiste asso­ciée au Centre cho­ré­gra­phique natio­nal de Gre­noble (2023−2024).