Avec Time has fal­len asleep in the after­noon sun­shine, l’artiste Mette Edvard­sen invente une com­mu­nau­té de livres vivants. Des inter­prètes aux­quels elle a deman­dé de mémo­ri­ser un livre, à cha­cun selon son choix, pour en pro­po­ser ensuite l’écoute en tête-à-tête à un.e seul.e visiteur.euse. Ensemble, ils forment une col­lec­tion de « livres ». Ils s’asseyent et dis­cutent entre eux, regardent par la fenêtre en atten­dant d’être consul­tés. Sitôt choi­si, le « livre » entraîne son lecteur.rice dans un lieu appro­prié à une bonne écoute, dans les salles de l’Hôtel de Ville ou pour une pro­me­nade en exté­rieur. Ce pro­jet sin­gu­lier s’inspire du roman de science-fic­tion Fah­ren­heit 451 de Ray Brad­bu­ry publié en 1953, où les livres sont inter­dits et où une socié­té secrète de dissident.e.s les apprennent par cœur pour les sau­ver de l’oubli. Le titre Time has fal­len asleep… (le temps s’est endor­mi dans le soleil de l’après-midi) est une phrase d’un livre d’Alexander Smith citée dans Fah­ren­heit 451.

Per­for­meuse nor­vé­gienne ins­tal­lée à Bruxelles, et artiste asso­ciée au ccn jusqu’en 2021, Mette Edvard­sen s’intéresse au pro­ces­sus. Apprendre un livre par cœur est une forme de réécri­ture, dit-elle. A mesure qu’il en délivre le conte­nu, l’interprète devient l’auteur.rice puis le livre lui-même ; il l’incorpore, il lui donne corps, il lui prête vie. Il mêle son souffle, son inti­mi­té, ses images inté­rieures, ses sou­ve­nirs à ceux conte­nus dans le livre. C’est un pro­ces­sus vivant, une acti­vi­té en conti­nu. Une suite sans fin de mémo­ri­sa­tion et d’oubli.