Edito Automne 2018 par Alban Richard
« J’envie leur tranquillité d’arbres qui ne savent pas qu’on abat la forêt » (1)
Aujourd’hui je me pose la question de la lisibilité du présent.
Comment voir au présent ? Comment ici et maintenant voir ce qui se passe ? Comment être témoin de l’instant, de l’invisible ? Comment accepter instinctivement l’instabilité et la précarité comme des éléments nécessaires à l’action de regarder ?
Aujourd’hui je me pose la question de l’imagination dans le champ politique.
Que se passe-t-il ici ? Pourquoi l’évidence de l’histoire présente, celle qui arrive en temps réel, est-elle opaque ?
Quels mécanismes font que nous ne pouvons, voulons pas voir ce que nous avons sous les yeux ?
Existerait-il une cécité à l’évènement pourtant visible ?
Serait-ce le produit d’un mensonge politique ou pire encore de notre incapacité à être spectateur ?
Aujourd’hui, je me pose alors les questions suivantes :
Dans quelle sécurité vivons-nous alors que le sujet-citoyen est considéré comme corps-objet à traiter par le politique ?
Comment avoir une vision de ce que nous n’imaginons pas ?
Chaque sujet-citoyen ne doit pas oublier qu’il est un spectateur politique et que l’expérience politique est une question de disponibilité envers le monde : il nous faut simultanément voir et imaginer le présent.
Aujourd’hui je suis intranquille car chaque jour je me pose cette question : comment rendre chacun conscient qu’on abat la forêt ?
Alban Richard
(1) Michel Butor