Centre Chorégraphique National de Caen en Normandie.
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Alice Roland et Stéphane Monteiro : Esprits animaux. Un conte anatomique

Bourses d’écriture

« Depuis trois siècles, la socié­té occi­den­tale envi­sage les corps et la nature sous l’angle de la pro­prié­té et selon un sché­ma méca­nique : cha­cun y est le pro­prié­taire de son corps, qui est ana­to­mi­que­ment com­pa­rable à une machine. On voit le monde « à l’i­mage d’une machine dont les rouages peuvent être démon­tés par les savants et non plus comme une tota­li­té com­po­site d’hu­mains et de non-humains » (Phi­lippe Des­co­la, Par-delà nature et culture).

Dans un même mou­ve­ment, l’homme se consi­dère comme pro­prié­taire de l’en­semble des corps qui ne sont pas décla­rés humains, et aux­quels il ne recon­naît pas d’in­té­rio­ri­té (il est « maître et pos­ses­seur de la nature », comme le sou­hai­tait Des­cartes). En outre, la notion d’é­ga­li­té entre tous les indi­vi­dus, née dans le même contexte his­to­rique, fait des dif­fé­rences entre les corps : cer­tains groupes domi­nés n’ont long­temps pas été consi­dé­rés comme pro­prié­taires de leur corps ni doués d’une inté­rio­ri­té suf­fi­sante pour par­ti­ci­per à la vie politique.

Nous vou­drions, dans une fic­tion, dia­lo­guer avec cette moder­ni­té ambi­guë dont nous sommes les héri­tiers. En nous appuyant sur des repré­sen­ta­tions ana­to­miques du XVIIème siècle, nous inter­ro­ge­rons et réar­ti­cu­le­rons les corps-machines pro­duits depuis cette époque, pour les faire entrer en réso­nance avec les ques­tions – et les sono­ri­tés – d’au­jourd’­hui : par l’i­ma­gi­na­tion, cher­cher à réin­ven­ter nos sen­si­bi­li­tés. Ce tra­vail pren­dra une double forme : un objet écrit – de type conte fan­tas­tique – et un objet sonore – de type fic­tion radiophonique. »

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