Avec KNIGHT-NIGHT, Brya­na Fritz et Thi­bault Lac s’emparent de la figure de Don Qui­chotte pour tra­vailler l’oscillation entre réel et repré­sen­ta­tion, abs­trac­tion et nar­ra­tion. Danse et poé­sie célèbrent la fra­gi­li­té de l’instant.

Pla­cé dans un espace-temps entre rêve et réa­li­té, Don Qui­chotte est à la fois “fan­tôme dans la vie et réel dans la mort”, selon les mots de Jacques Ibert, qui com­po­sa les chan­sons du Don Qui­chotte de Georg Wil­helm Pabst en 1933. La nature com­po­site et poin­tilliste de KNIGHT-NIGHT est un écho à cet entre-deux. Les danseur.euses Brya­na Fritz et Thi­bault Lac tra­vaillent cette créa­tion en asso­ciant texte, son, musique et mou­ve­ment pour célé­brer la fra­gi­li­té́ de l’instant. Les motifs, objets et décors se devinent par bribes, lais­sant le public exer­cer son regard, relier entre eux les dif­fé­rents élé­ments. Au sein de cet espace scé­nique tout juste esquis­sé, la musique est une pré­sence tan­gible, mélange de musique pop et de sono­ri­tés syn­thé­tiques. Au fil de séquences tan­tôt intimes, tan­tôt ciné­ma­to­gra­phiques, le tan­dem com­pose une mosaïque où les danses ryth­mées deviennent sculp­ture, l’environnement sonore devient chan­son, un corps nu devient che­va­lier cos­tumé, des voix pré­en­re­gis­trées perdent leur ampli­fi­ca­tion, des souffles deviennent un texte. La figure du che­va­lier errant se des­sine entre les voix et les corps en mou­ve­ment, point d’entrée pour ques­tion­ner désir et espoir.

Née à Chi­ca­go, Brya­na Fritz est cho­ré­graphe, dan­seuse et écri­vaine. Elle tra­vaille aux fron­tières de la poé­sie et de la per­for­mance et s’intéresse par­ti­cu­liè­re­ment aux his­toires de lec­ture et d’écriture, notam­ment autour de la lit­té­ra­ture médié­vale et fémi­niste. Elle a tra­vaillé comme inter­prètes aux côtés de Boris Char­matz, Anne Tere­sa De Keers­mae­ker ou encore Xavier Le Roy.

Thi­bault Lac a d’abord étudié l’architecture avant d’intégrer l’école de danse contem­po­raine P.A.R.T.S à Bruxelles. Paral­lè­le­ment à ses études, il danse dans The Show Must Go On de Jérôme Bel en 2009, avant de pour­suivre son par­cours d’interprète auprès de Ligia Lewis, Mathilde Mon­nier ou encore Elea­nor Bauer. Il tra­vaille régu­liè­re­ment aux côtés du cho­ré­graphe Tra­jal Har­rell pour son pro­jet Twen­ty Looks or Paris is Bur­ning at the Jud­son Church et se consacre aus­si à des pro­jets col­la­bo­ra­tifs en tant qu’auteur. Thi­bault Lac est artiste accom­pa­gné par le CND depuis 2020.