Comment instaurer un lien entre des événements passés et le temps présent ? À cette question, la chorégraphe Eszter Salamon travaille et s’interroge depuis quelques années dans une série d’œuvres intitulées Monuments. Dernière en date, HÉTÉROCHRONIE / Palermo 1559–1920 s’appuie à la fois sur l’histoire des corps et sur des archives musicales siciliennes.
Dans un montage entre les corps, leurs gestes, expressions et voix, HÉTÉROCHRONIE synchronise et désynchronise nos mouvements de conscience à travers la confrontation et juxtaposition de différentes temporalités. Conçue avec huit danseurs.euses et un chœur amateur, Palermo 1559–1920, est une pièce chorale, qui tient son inspiration des pratiques de momification des catacombes des Capucins de Palerme, des traditions vocales siciliennes, ainsi que de la révolution sicilienne de 1848. En rapprochant des temps et traces historiques et des géographies lointaines, l’œuvre tente de conjurer l’oubli par l’action collective et la construction de la mémoire par la fiction.
Dans Palermo 1559–1920 se dessine une rencontre improbable entre les époques et les corps. Le rapprochement fictif des momies palermitaines, des corps utopiques selon Michel Foucault, avec les corps des danseurs présent.e.s sur scène ouvre notre regard sur un champ imaginaire situé entre présent et passé.
La pièce interroge la possibilité d’un continuum entre la vie et la mort, la cohabitation entre les vivants et les morts, et invente son propre corps utopique, un corps dansant et sonore. Se mêlant aux corps, les chants viennent nous rappeler en quoi les luttes collectives passées peuvent nous animer aujourd’hui. A quelle forme de résistance ou de désir de transformation elles nous renvoient.
Eszter Salamon est artiste, chorégraphe et performeuse. Elle vit et travaille entre Paris, Berlin, et Bruxelles. Depuis 2001, elle se consacre à la réalisation de solos et de pièces de groupe qui sont présentés dans des théâtres et des festivals partout dans le monde, parmi lesquels le Centre Pompidou, le Centre Pompidou Metz, le Festival d’Automne, le Festival d’Avignon, la Ruhrtriennale, le Holland Festival, The Kitchen New York, le HAU Ber- lin, le Berlin Documentary Forum, le Kunstenfestivaldesarts, le Kaaitheater à Bruxelles, le Tanzquartier de Vienne, le Kampnagel à Hambourg, le steirischer herbst à Graz, la Dance Triennale Tokyo, le Manchester International Festival, le PACT Zollverein, le Théâtre Nanterre-Amandiers, et le FTA Montréal.
Elle est fréquemment invitée à intervenir dans des musées, dont MoMa, le Centre d’art contemporain Witte de With, la Fondation Cartier, la Fondation Serralves, le Musée d’Art Moderne de Salzbourg, l’Akademie der Künste de Berlin, le mumok de Vienne. Son exposition Eszter Salamon 1949 a été présentée en 2015 au Jeu de Paume dans le cadre de ›Satellite‹ proposé par Nataša Petrešin-Bachelez.
Le travail d’Eszter Salamon tourne autour de la chorégraphie comme moyen de navigation entre les différents médias comme le son, le texte, la voix, l’image, les mouvements corporels et les actions. En 2014, elle a commencé une série de pièces qui explorent à la fois la notion de monument et une pratique de spéculation et de réécriture de l’histoire.
Eszter salamon est artiste en résidence au théâtre Nanterre Amandiers. Elle est lauréate de Evens Art Prize 2019.
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