Pierre Fournier : Le corps de la langue | La langue du corps
Bourses d’écriture
Le signe, « arbitraire » pensait Saussure, « nécessaire », précisait Benveniste.
En dernière instance, signe de « sûre-vie », de vivre et d’être bien sûr de vivre, de bien vivre même.
Le langue, prisme intervallique, discrètement, quotidiennement, ou encore, culturellement voire tragiquement légifère sur notre exil des choses, du dehors, de l’autre et, plus loin encore, de soi. Elle informe une positivité normative par laquelle l’être demeure inadéquat à lui-même : dis-posé de soi. Elle se fait la chair, le théâtre même du drame d’une mise en je(u) objectivante.
Que reste-t-il une fois la langue retirée, sinon le langage en faculté, le langage retranché dans le corps ?
Au commencement même, avant la scission définitive entre subjectif et objectif, à ce commencement était non pas le verbe, mais le corps, là, déjà.
Antériorité de la dis-position, un corps est là.
Y a‑t-il dans cette empreinte ouvrée par la danse, par le « corps dansant », l’horizon d’une réflexion potentielle sur cette origine perdue ?
Cette « langue sans mot » peut-elle penser sinon panser l’en-je(u) d’une rencontre de soi, de l’autre, du monde ?
Biographie
Pierre Fournier est philosophe, dramaturge et écrivain.
Diplômé du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon en composition, ainsi que des universités de Lyon et Montpellier en philosophie et esthétique, il prépare actuellement dans ces mêmes disciplines une thèse tramée par les enjeux — les en-je(ux) — de la « dis-position de soi », concept critique qu’il élabore depuis maintenant plusieurs années.
S’inscrivant dans les mouvements de réactualisation de la théorie critique du XXème siècle, son travail philosophique, autant qu’artistique, se situe aux croisements de l’esthétique, du langage et du politique. En son coeur sa démarche vise l’étayage d’une double réflexion portant à la fois sur l’être de la langue et la langue des êtres et, plus spécifiquement, sur l’acte de nomination alors compris comme tentative de résolution négative de la « dis-position de soi ».
Parallèlement à la recherche, sinon coextensivement à celle-ci, Pierre écrit de la poésie, du théâtre, prépare un essai sur la métaphore dantesque du « mur de la terre » chez Giorgio Caproni et Claudio Parmiggiani et accompagne en tant que dramaturge plusieurs metteurs en scène et chorégraphes.