Edito 2018
Artistes, chorégraphes, chercheurs, habitants, amateurs, étudiant, spectateurs, il nous faut aujourd’hui revendiquer notre exigence de démocratie à l’égard de la culture.
Nous sentons la nécessité d’une véritable politique démocratique de l’art qui remplacerait la politique de démocratisation culturelle.
Nous devons occuper l’espace et lutter contre la pesanteur ambiante.
L’art chorégraphique a d’ailleurs toujours eu « l’esprit de la lutte contre la pesanteur » ! (1).
Au delà d’une simple accessibilité à la culture, il s’agit de construire la réelle rencontre entre art et individu. Beaucoup de projets exemplaires ont été menés. Il faut s’en emparer, les valoriser et y apporter une nouvelle pensée : une politique démocratique de l’art et de la culture se doit d’être contributive.
Elle ne peut naître que si le besoin de voir des œuvres est partagé par des citoyens. Chaque parcelle d’un territoire, chaque moment de la vie d’un lieu devrait être l’occasion d’une possibilité de dialogue avec les équipes artistiques et les habitants autour de cette question : pourquoi désirer la culture ?
Qu’est-ce que cela peut changer dans ma façon de percevoir le monde ?
La culture est une remise en question de nos certitudes, une interrogation ininterrompue. C’est une énergie vitale qui fait partie de toute expérience humaine. Pour que chacun puisse augmenter le champ de sa propre liberté à s’exprimer par le mouvement, pour que chacun puisse être un spectateur-explorateur au contact d’œuvres qui décalent notre vision du monde, l’équipe du centre chorégraphique national de Caen vous invite à l’aventure.
Comment valoriser le risque, la singularité de chaque expérience ? Comment partager les imaginaires, les utopies et les contestations ? Ces questions continuent de nourrir cette année de programmation par le jeu de l’expérience sensible et de l’ouverture vers d’autres formes de savoirs.
« Avoir un corps à soi sera de plus en plus improbable. Mais des corps libres, comme toujours, existeront quand même. Certains se rencontreront malgré la surveillance en cours, ce qu’ils diront ne sera pas flatteur pour leur époque… » (2)
Venir se rencontrer là où le corps travaille en liberté n’est peut-être pas flatteur pour notre époque.
Pour moi, c’est un acte militant qui affirme notre nécessaire émancipation.
(1) Gaston Bachelard / (2) Philippe Sollers
Alban Richard