Interview Paula Pi

A la fois musi­cienne et cho­ré­graphe, Pau­la Pi est une artiste de talent qui nous vient du Bré­sil. Après avoir étu­dié la musique, le théâtre et le butoh, elle se tourne ensuite vers la danse contem­po­raine pour com­men­cer à déve­lop­per ses propres pro­jets cho­ré­gra­phiques, au Bré­sil d’abord puis en France ensuite, pour rejoindre le mas­ter ex.er.ce au CCN de Mont­pel­lier en 2013.
Pré­sente à Caen pour un temps d’accueil-studio en ce mois de mai, Pau­la Pi nous pro­po­se­ra une étape de tra­vail de sa pro­chaine créa­tion inti­tu­lée Alexandre.
Par­tie d’une archive sonore, la voix d’un indien de l’ethnie bré­si­lienne des xavantes, la cho­ré­graphe écri­ra une réponse par le lan­gage cho­ré­gra­phique pour une véri­table réflexion autour de l’altérité.

Ren­contre !

Peux-tu te pré­sen­ter et nous dire com­ment tu es venue à la danse ?

Je suis une artiste bré­si­lienne, basée avant 2013 à São Pau­lo, et qui vit main­te­nant en France depuis que je suis venue faire le mas­ter « exerce » au CCN de Mont­pel­lier. J’ai fait de la musique de mes 6 ans jusqu’à ce que je quitte le Bré­sil, mais pen­dant mes années à l’université de musique j’ai décou­vert le théâtre phy­sique et je pas­sais la plu­part de mon temps à m’entrainer avec un groupe de recherche qui s’appelle LUME Tea­tro. Ce groupe avait un fort lien avec quelques maîtres de butoh, et c’est comme ça que j’ai ren­con­tré la danse en pre­mier, par le butoh. À la fin de mes études en musique, je fus invi­tée par Hol­ly Cavrell, ancienne dan­seuse de Mar­tha Gra­ham et pro­fes­seur à l’université de Cam­pi­nas dans le cur­sus danse, à jouer du vio­lon dans un de ces spec­tacles, et c’est en côtoyant cette com­pa­gnie que j’ai pris mes pre­miers cours de danse contemporaine.

Peux-tu nous dire quelques mots sur Alexandre dont nous ver­rons une répé­ti­tion publique au ccn ?

C’est tou­jours dif­fi­cile de par­ler d’une pièce avant qu’elle ne soit créée car c’est une chose vivante qui peut bou­ger jusqu’au der­nier moment. La tem­po­ra­li­té de la créa­tion est un vrai mys­tère ! Alexandre a comme point de départ la musi­ca­li­té de la langue d’une archive sonore que j’ai enten­due il y a quelques années. Cette pièce est un duo avec le dan­seur et cho­ré­graphe Sorour Dara­bi, et étant deux, on est allés cher­cher dans la mytho­lo­gie de la culture xavante les his­toires autour des jumeaux créa­teurs. Par­tant d’une rela­tion gémel­laire fic­tio­née entre Sorour et moi, ça parle donc aus­si de ce qui peut se tis­ser dans l’entre-deux corps et dans l’entre-deux langues.

Quel est le der­nier film, spec­tacle ou expo que tu as vu et que tu aurais envie de par­ta­ger avec nous ?

J’ai envie de par­ler de Ceme­te­ry of Splen­dour (2015), un film de Api­chat­pong Wee­ra­se­tha­kul. Ce n’est pas le der­nier film que j’ai vu, mais il m’a beau­coup mar­qué, sur­tout parce que je l’ai vu pen­dant ce pro­ces­sus de créa­tion d’Alexandre. Comme dans d’autres films de Wee­ra­se­tha­kul, ça ne cesse pas de pas­ser de la réa­li­té au temps mythique ou des rêves, de la même façon que ça glisse tout le temps entre le docu­men­taire et la fic­tion. C’est un film hybride et ça me parle tou­jours. Je le conseille vivement !

Pro­pos recueillis – avril 2018
ab.