Edito 2017

Nous vivons dans un monde où l’on nous com­mu­nique prin­ci­pa­le­ment des des nou­velles tristes et désa­gréables, de la peur, de l’effroi. Des posi­tions et des prises de paroles se sont invi­tées dans le débat public et se font pas­ser pour « normales ».

Popu­lisme, isla­mo­pho­bie, anti­sé­mi­tisme, miso­gy­nie, xéno­pho­bie, homo­pho­bie, trans­pho­bie et racisme rem­plissent le champ média­tique. Ce qui est peu com­mu­ni­qué, ce sont toutes les actions citoyennes, sociales, asso­cia­tives, éco­lo­giques, les volon­tés de pen­ser ensemble, les ren­contres qui pro­voquent de l’intelligence, du soli­daire et de l’innovation. Des îlots de convi­via­li­té se créent et témoignent de la résis­tance du vou­loir bien vivre, des mil­liers d’initiatives dans le monde enseignent à vivre res­pon­sable et ami­cal. Des lieux d’innovations réflé­chissent de manière omni-dis­ci­pli­naire : des labo­ra­toires d’idées pour des villes sen­sibles, des clus­ters euro­péens dédiés à la san­té, des centres com­mu­nau­taires, des groupes de réflexion, des Nest pour que des artistes et des entre­pre­neurs passent du temps ensemble à ima­gi­ner. Par­tout de Detroit à Malmö, de Grande-Synthe à Milan, des femmes et des hommes réin­ventent, animent les ter­ri­toires, connectent, expé­ri­mentent, créent des pro­to­types, apprennent à tra­vailler avec des notions de bien-être, de Caring, de ralentissement.

Nous avons tant besoin de démo­cra­tie intel­lec­tuelle dans ce moment où des paroles de haine et de peur sont trop pré­sentes. Nous avons tant besoin de ten­ter d’ouvrir sim­ple­ment et autre­ment les yeux.

Si la démo­cra­tie c’est de pou­voir créer ses propres espaces de résis­tance, alors voi­là pour­quoi au centre cho­ré­gra­phique natio­nal de Caen en Nor­man­die, nous conti­nue­rons de dan­ser ensemble. Pour exul­ter, trans­pi­rer, se sen­tir vivants, créer, se soi­gner, se sou­ve­nir, pour dire : notre lan­gage est com­mun, nous exis­tons et nos corps sont libres !

Ici, nous par­ta­geons une éner­gie vitale, des aven­tures humaines, une res­pi­ra­tion per­ma­nente, des oppor­tu­ni­tés de rencontres.

Ici l’équipe du centre cho­ré­gra­phique rêve de pro­jets qui per­mettent une meilleure com­pré­hen­sion du monde et d’autrui.

Alors oui, affec­tons nous de joie, orga­ni­sons des com­mu­nau­tés pro­vi­soires de des­tins, affir­mons nos corps libres de leurs choix, de leurs sexua­li­tés, libres de se réunir, de créer, de penser.

Ici nous don­nons de la valeur à la créa­tion, à l’intelligence, à l’imaginaire de chacun.

Alban Richard